Dépêche Yahoo!
9 juin 2001

Les psychiatres américains plébiscitent Harry Potter

NEW YORK, 9 juin (AFP)

En plus d'un phénoménal succès d'édition, la saga du petit sorcier Harry Potter est un outil thérapeutique de choix, estiment les psychiatres américains.
En mai, l'Association américaine des psychiatres réunie à La Nouvelle Orléans a organisé un symposium consacré au jeune héros dont les aventures se vendent à des millions d'exemplaires de par le monde.
Résultat : un concert de louanges de la part des intervenants et des quelque trois cents participants, dont plusieurs étrangers. La quasi-totalité d'entre eux avaient lu les quatre tomes de la saga.

Leah Dickstein, professeur de psychiatrie à l'université de Louisville (Kentucky), présidait les travaux. "La question que nous nous sommes posés était: pourquoi l'histoire d'un petit garçon, orphelin, maltraité par sa famille jusqu'à ce qu'il apprenne qu'il est sorcier, se vend-elle à des millions d'exemplaires ?" explique-t-elle.
"C'est parce que cela aide certains enfants à comprendre qu'ils ne sont pas les seuls à avoir perdu des parents, à avoir été maltraités, à avoir ressenti la solitude et la peur et toutes ces choses terribles".
"Voici un jeune garçon qui n'est pas violent mais qui n'hésite pas à prendre des risques, dont les amis ne sont pas riches, qui franchit toutes sortes de frontières", poursuit-elle. "Il ne correspond pas au stéréotype du garçon fort, qui est fort parce qu'il tape sur la tête des autres".
Personnage positif qui, en entrant à l'école des sorciers, fait l'apprentissage de ses dons et les met au service de justes causes, Harry Potter permet aux enfants, aux adolescents et parfois même à des adultes de mettre en oeuvre de plus ou moins complexes processus d'identification dont les effets sont bénéfiques, estiment les participants au colloque.
"C'est un héros, un garçon, un orphelin qui, venant d'un milieu défavorisé, a pris le contrôle de sa vie par ses propres moyens et, grâce à la magie, échappe à des situations périlleuses", ajoute Elissa Benedek, psychiatre à l'université du Michigan et intervenante lors du symposium de la Nouvelle Orléans.
"Alors, des personnes éprouvant des difficultés dans leurs vies peuvent se servir de Harry ou de l'un de ses amis comme de modèles".

Mme Benedek, comme de nombreux confrères, voit régulièrement arriver dans son cabinet des patients faisant référence, directement ou indirectement, à Harry Potter ou à des éléments de l'univers inventé par l'écrivain britannique Joanne K. Rowling.
"Les enfants, comme de nombreux adultes, ont du mal à parler d'eux-mêmes", ajoute-t-elle. "Alors ils évoquent certaines parties du livre ou certains animaux pour vous dire ce qui leur arrive sans être capables de vous le dire directement (...) En fonction de leur âge, les enfants y trouvent des choses différentes, importantes, significatives, merveilleuses ou effrayantes".
De nombreux psychiatres pour enfants aux Etats-Unis organisent des lectures à haute voix de l'un des quatre tomes, assure-t-elle.
"Ces livres transmettent de bonnes valeurs", assure Elissa Benedek: "Etre attentif à soi-même et aux autres, les respecter, se battre pour ce qui est juste, prendre des risques pour aider les gens".
Daniel Dickstein, pédiâtre, pédo-psychiatre et fils de Leah Dickstein, est également intervenu à la tribune du symposium. "Cette oeuvre est intéressante parce qu'en utilisant ces histoires les gens peuvent trouver des façons originales de régler leurs propres problèmes (...)

Quand un livre se vend à plus de cent millions d'exemplaires, cela veut dire qu'il y a là pour nous quelque chose à chercher...".

Retour à la rubrique "articles"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Accueil