Le Soir (Belgique)
mercredi 20 juin 2001
"Le Potter 4 en poche dès novembre" par Lucie Cauwe
La veine magique inspire les éditeurs et le commerce.
Louragan Harry Potter est-il calmé ? Pas vraiment. Le cap
des cent millions de volumes vendus dans le monde vient
d'être franchi, dont cinq millions pour le marché français
(toutes éditions confondues). Pour quatre tomes seulement,
sur un projet de sept. Le déferlement reprendra en force à
la fin de l'année, quand sortira le film (le 16 novembre en
anglais, le 5 décembre en français) et quand, en novembre également, paraîtra en format poche, de façon anticipée par
rapport au calendrier initial, le tome 4. Une réduction du
format et du prix, très attendue (une pétition y appelait
même depuis l'hiver dernier), mais qui viendra trop tard
hélas pour les vacances d'été. Le volume 5, quant à lui, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, n'est prévu qu'en 2002.
Les pottermaniaques auront toutefois deux livres annexes à
se mettre sous la dent fin août: Le Quidditch à travers
les âges et Les Animaux fantastiques, écrits par J. K.
Rowling; les bénéfices des ventes iront à des associations
caritatives anglaises.
Cette pseudo-accalmie est l'occasion rêvée pour
les "merchandisers", de lancer leurs produits dérivés,
cartes à jouer (lire ci-dessous), casquettes, livres-puzzles, autocollants et autres cartes postales... Un
carnet de point de croix propose mêmes aux mamies
fanatiques du jeune sorcier 400 modèles à broder (Mango
Jeunesse) ! Mais dans tous ces produits, l'effigie du gamin
est celle qu'imposent les chartes graphiques de la Warner,
détentrice des droits, toute différente des jolis traits
que lui a donnés pour la traduction française Jean-Claude
Gôtting. Un lecteur pourra-t-il encore imaginer son héros
personnel ?
Les enfants sont souvent frileux à l'idée de se lancer dans
des genres littéraires inconnus d'eux. Ils préfèrent
redemander de ce quils connaissent et ont apprécié.
Futés, les éditeurs inondent un marché qui ne vit plus que
pour la veine, initiée par Jeanne K. Rowling, de titres,
faisant référence à des univers magiques, avec plus ou
moins de talent. Le roman La parade des monstres de
Darren Shan (chez Pocket Junior) est même barré d'un
bandeau rouge signé J. K. Rowling: "Un livre fascinant...
Une intrigue pleine de rebondissements... Une envie
dévorante de lire la suite ...".
Deux ouvrages sortent du lot de cet "hommage" à lauteure
anglaise. Le premier est Tom Cox et limpératrice
sanglante : construction bien pensée, écriture soignée,
une lecture très agréable. Il est loeuvre dun enseignant
français qui se verrait bien, lui aussi, signer sept tomes.
Impossible de nier les ressemblances avec le gamin que l'on
sait. Tom Cox, 12 ans, à également pour mission de sauver
le monde, mis en danger par le Maître des ténèbres.
Pour y réussir, il doit retrouver les pouvoirs de sorcier
auxquels son père avait renoncé. Une extravagante et
mystérieuse Tante Anna va procéder, à son éducation éclair
entre un lézard doué de la parole et une cuisinière
saugrenue. Après cela, Tom devra passer seul les sept
portes de la hiérarchie des sorciers. Première épreuve :
affronter là sanguinaire impératrice Wu et son maléfique
Astrologue... Ce bon suspense plein d'aventures et
dimagination, est servi par un style de qualité. Dès 11
ans.
Le second titre se remarque surtout par l'importance de sa
mise en place en librairie. Car Peggy Sue et les
fantômes de Brussolo, destiné aux plus de 12 ans, ne peut
cacher sa misère littéraire : une intrigue à laquelle on ne
croit guère, des emprunts nombreux à des titres en vogue,
une écriture décevante.
Harry Potter, J. K. Rowling, Gallimard jeunesse.
Tom Cox et l'impératrice sanglante, Franck Krebs, Seuil Jeunesse, 176 pp., 401 FB
Peggy Sue et les fantômes, le jour du chien bleu, Brussolo, Plon, 290 pp., 605 FB
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