L'express

Dossier Harry Potter

LA MAGIE DE HARRY POTTER par Marion Festraët
28/10/1999

A côté du lancement du quatrième volume de la série Harry Potter, la préparation du débarquement de Normandie, en juin 1944, passerait presque pour de l'improvisation. Le 8 juillet à minuit, les libraires américains et britanniques ont mis en vente Harry Potter and the Goblet of Fire, dernier-né de la saga inventée par J. K. Rowling. Les précédents tomes, qui racontent les aventures d'un petit sorcier vivant à notre époque, se sont vendus à 35 millions d'exemplaires. Depuis la grande époque de la Beatlemania, on n'avait pas vu une telle hystérie.

Aux Etats-Unis, les librairies sont restées ouvertes jusqu'à minuit pour éviter l'émeute. Des milliers d'enfants ont campé sur le trottoir pour être les premiers à lire The Goblet of Fire. « Je n'ai jamais rien vu de pareil en trente ans », affirme Gary Frank, propriétaire du Booksmith, à San Francisco. Federal Express a mobilisé la bagatelle de 9 000 camions, pour livrer les 400 000 exemplaires précommandés chez Amazon.com, la librairie en ligne. L'éditeur américain a prévu un premier tirage de 3,8 millions. La Grande-Bretagne a fait encore mieux : 1,8 million de livres réservés chez les libraires avant parution ! Record absolu.

Le phénomène n'est pas réservé au monde anglo-saxon. En Allemagne, Harry Potter réalise trois des quatre meilleures ventes. Et, en France, Gallimard a déjà vendu 580 000 exemplaires de la série.

Personne, en dehors d'Emma Matthewson, l'éditrice de J. K. Rowling, n'avait lu le manuscrit avant la date magique. Deux fois de suite, sa voiture avait été cambriolée, sans doute par un lecteur impatient de connaître la suite des aventures du jeune héros inventé par cette Britannique de 34 ans.

Qu'à l'ère des Gameboy tant d'enfants se battent pour dévorer un livre de 732 pages, voilà la vraie magie.


LE TRIOMPHE DE HARRY POTTER par Marion Festraëts
28/10/1999

Le petit héros futé de la romancière galloise [sic - en réalité : anglaise] Joanne K. Rowling fait un malheur éditorial. Du jamais-vu depuis la collection Chair de poule.

C'est sûrement un tour de magie. Un truc de sorcière. Comment expliquer autrement le prodigieux succès des livres de la Galloise [sic] Joanne K. Rowling ? Des romans pour enfants dont le héros, Harry Potter, un gamin bigleux, plutôt maigrichon mais futé, suit des études de sorcellerie. Au collège Poudlard, on apprend la magie avec les manuels de Bathilda Tourdesac ou d'Adalbert Lasornette, et l'art des potions dans les grimoires d'Arsenius Beaulitron. On ne rumine pas des Malabar, mais on s'empiffre de Chocogrenouilles et de Patacitrouilles.

Tout commence le jour des 11 ans de Harry, lorsque le géant Hagrid l'arrache aux griffes de son oncle et de sa tante, des méchants Moldus - non sorciers - et lui apprend qu'il a des pouvoirs, tout comme ses parents, occis par l'ignoble Voldemort. Ses études à Poudlard l'amènent à combattre des trolls, résoudre des mystères, jouer les détectives... Un savant dosage entre le récit fantastique bourré de monstres et l'univers familier du monde scolaire. Aux Etats-Unis, en quatre ans, 7 millions d'aficionados ont déjà acheté les trois premières aventures de Harry. Warner Bros vient d'en acquérir les droits cinéma pour « un montant à sept chiffres » (sic), et on songe à Steven Spielberg ou à Danny Boyle (Petits Meurtres entre amis) pour l'adaptation. Dans le monde entier, on s'est arraché 13 millions d'exemplaires des 30 traductions. Harry a même fait la une de Time le 4 octobre dernier. En France, les deux premiers tomes totalisent 130 000 ventes - dans ce secteur, un éditeur s'estime comblé quand il en vend 15 000. Harry Potter à l'école des sorciers a remporté le Prix Sorcières 1999 du meilleur roman pour les 9-12 ans, décerné par les bibliothécaires et les libraires spécialisés. Publié la semaine dernière, le troisième démarre sur les chapeaux de roue. « Cela fait deux mois que les gamins nous le réclament, explique un libraire d'une Fnac Junior parisienne. Dans l'édition jeunesse, ce genre de phénomène est rarissime. On n'avait pas vu ça depuis l'âge d'or des Chair de poule, ces romans fantastiques un peu gore qui faisaient la joie des mômes il y a cinq ans, et dont les 30 titres s'étaient vendus à 3 millions d'exemplaires. Pourquoi un tel succès ?

Explication: « Harry Potter est proche d'eux. Ils peuvent s'identifier à lui, même s'ils ne prennent pas, eux, de potion de ratatinage ! » Au point que certains émules particulièrement enthousiastes voient en Joanne K. Rowling l'héritière d'un Roald Dahl ou d'un Tolkien. L'éditeur anglais Bloomsbury a bien compris le message et vient de lancer une édition destinée aux adultes. Folio Junior, en France, s'apprête à en faire autant. Joanne K. Rowling s'y connaît en magie. La preuve: elle change le papier en or.

 

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